L' ANCIENNE AVENUE DES MARRONNIERS A SANDAUCOURT, un ensemble de 20 sujets qui mériteraient un classement ... 30 mars 2021.

31 mars 2021

L' ANCIENNE AVENUE DES MARRONNIERS A SANDAUCOURT, un ensemble de 20 sujets qui mériteraient un classement ... 30 mars 2021.

2 passerelles et le pont de pierre au fond enjambent le ruisseau de l'Epine

Sandaucourt est un petit village de l'ouest vosgien, qui a le privilège de posséder un charmant château dont l'origine remonte au XVI ème siècle. Epargné à la guerre de 30 ans, il a traversé les époques sans trop subir de dommage malgré les guerres et les nombreux changements de propriétaires. De forme carrée, ce sont ses quatre tours d'angles avec canonnières qui lui donnent l'essentiel de son cachet. Généralement, avec les belles demeures, les châteaux et les édifices religieux, on trouve des jardins et des parcs et souvent de beaux arbres... Les 20 marronniers qui subsistent sont à l'extérieur du domaine face à son entrée. Alignés en 2 rangées de part et d'autre du ruisseau de L'Epine, ils apportent un bel effet visuel bien aidés par les 2 murets qui canalisent l'eau du petit ru. Les 2 passerelles qui l'enjambent et le pont de pierre qui mène au château ajoutent leur touche de romantisme... Tailler sévèrement il y a quelques années, l'effet est déstructurant, leur silhouette a perdu beaucoup de naturel et de beauté. Stressé chaque sujet réagit en multipliant des rejets fins et cassants, qui vont se concurrencer les uns les autres. A plus ou moins long terme, en essayant de reconstituer sa masse végétale d'avant taille, l'arbre s'affaiblit et augmente sa vulnérabilité... J'ai mesuré les plus gros sujets : 3,73 m de circonférence pour le plus gros, 3,70 m pour son second... Sans doute centenaires, ces marronniers sont déjà bien imposants sur les cartes postales du début du XX ème siècle... Ils ont été par le passé largement plantés dans les parcs et grands jardins, le long des avenues et mails urbains à partir du XVII. Arbre d’ornement par excellence il trouve son heure de gloire au XIX siècle, sous le second empire. Peu résistant aux conditions de vie imposées par l’urbanisme, le compactage du sol, la chaleur et la pollution, il a progressivement perdu son attrait et son intérêt.

De son nom vernaculaire : marronnier d’Inde, on pourrait facilement en déduire qu’il nous indique son lieu d’origine. Ce n’est paradoxalement pas le cas : Les premiers marronniers trouvés proviennent de l’Albanie, du nord de la Grèce et de l’Asie mineure. Jusqu’au XIX° siècle les plantes inconnues ne pouvaient que provenir des « mythiques Indes »… La première plantation connue en France date de 1615. Elle est attribuée au botaniste François Bachelier qui le rapporta de Constantinople pour le transplanter à Paris dans une des cours de l’hôtel Soubise. De nos jours, on démontre par analyse pollinique(1) que cet arbre « introduit », était présent en France avant la dernière glaciation… C’est donc un arbre indigène…

L"avenue des marronniers" a perdu son nom, remplacée par celui de Laurine Durand sapeur pompier volontaire victime du devoir le 25 août 2005 à Sandaucourt. Elle participait à l'extinction d'un incendie de bâtiment agricole, mortellement blessée par la chute d'un pan de mur, elle est la première femme pompier à décéder en service. Ella avait 20 ans...(respect et admiration).

(1) Analyse pollinique. « Méthode utilisée pour étudier les populations végétales des époques préhistoriques à partir des grains de pollen fossiles des diverses espèces et consistant à les recueillir, les identifier et les classer » (d'apr. Friedel 1980).