LA MANTE RELIGIEUSE, surnommée le "tigre de l'herbe", un insecte fascinant à découvrir et à protéger...

(ATTENTION ! Les photos qui suivent le texte peuvent choquer la sensibilité...) 

LA MANTE RELIGIEUSE (Mantis religiosa) :

 ORDRE DES MANTODEA (Mantoptères en français).

FAMILLE DES MANTIDAE

 Cet insecte que l’on rencontre dans les Vosges sur les versants calcaires de la région de Neufchâteau est une des 2000 espèces de mantes recensées dans le monde. L’origine de son nom provient du latin des naturalistes, Mantis qui l’ont emprunté au grec qui veut dire prophète, devin. Son attitude posturale lui a sans doute donné ce nom redoublé par religiosa en raison de ses pattes antérieures qu’elle replie comme pour prier. On la trouve surtout dans le sud de la France mais également plus au nord sur les versants bien exposés herbeux et les terrains calcaires secs boisés. L’appellation provençale de « Prie Dieu » est aussi utilisée, confortant son origine due à son attitude hiératique.

 Cet insecte diurne se rencontre de début août à fin septembre. De couleur vert clair ou brune, la mante religieuse reste très difficile à déceler se tenant le plus souvent camouflée parmi les plantes, immobile, pattes antérieures repliées à l’affût de ses proies. Sa silhouette insolite demeure au premier contact visuel, un sentiment de crainte voir d’aversion… Et comme elle vous a vu avant que vous ne l’ayez aperçue, le mouvement de sa tête triangulaire aux yeux proéminents, déconcerte un temps soit peu. N’esquissant pas le moindre mouvement de recul elle reste là impassible…

L’appréhension passée, la crainte dissipée, l’observation devient d’un intérêt grandissant devant cette prédatrice qui vous fait partager sans aucune gène ses mœurs voraces… Son repas est composé en général de sauterelles, criquets et papillons et parfois de ses congénères mâles plus fins et plus petits (4 à 6 cm, et 8 cm pour les femelles). Son thorax est frêle, mais ses pattes et ses mandibules sont puissantes. Les deux paires de pattes à l’arrière servent pour la marche, les deux premières garnies d’une double rangée de dents pour la capture. Elles sont dites ravisseuses et sont impressionnantes d’efficacité. Composées de 4 segments, ce sont de véritables armes de combat rapproché. Une fois la proie repérée, en un éclair, elle projette ses pattes ravisseuses au dessus de sa proie qui vont se replier sur elle comme une tenaille dentées. S’attaquant immédiatement à la nuque de sa victime, elle neutralise le réseau nerveux, immobilisant rapidement sa proie. Sa voracité est spectaculaire, coupant dépeçant et mâchant sans ménagement et rejetant pattes, ailes et élytres. Le repas terminé, le Serial Killer se nettoie aves minutie et précision

Appelé aussi Tigre de l’herbe pour sa voracité, cela se passe de commentaire !

Bien repliées au dessus de l’abdomen, on trouve 4 ailes aussi longues que le corps. Les deux sexes en sont dotés et sont capables de voler, mais ni trop vite ni trop loin, interdisant la migration et les longs déplacements. La régression de ses biotopes bien exposés la rende plus rare. Etant à la limite de son aire de répartition, ses conditions minimales de survie dépendent des températures hivernales, limitant ainsi son abondance. A l’approche de la ponte en fin d’été la femelle expulse, par l’extrémité de son abdomen entre 200 et 300 œufs au sein d’une masse à la consistance mousseuse. Cette amalgame va se structurer en séchant et durcir pour former une masse aérée et isolante appelée  oothèque. De 4 cm x 2 cm, l’oothèque exposé aux intempéries, assure la protection et l’isolation des œufs. Après l’hivernage des œufs, l’éclosion à lieu au printemps. De véritables mantes miniatures apparaissent en tout point semblable aux adultes, à l’exception des ailes. Elles poursuivront leur développement jusqu’à l’été par plusieurs mues successives, augmentant à chaque fois de taille. C’est à la dernière mue que les ailes atteindront leur taille définitive.

  L’âge adulte atteint, notre mante femelle est apte à la reproduction et à ses mœurs cannibales qui lui ont valu sa réputation sulfureuse. Elle est en effet connue pour dévorer son partenaire pendant ou après l’accouplement en commençant par la tête. Même la tête coupée, le mâle continue à copuler… Les centres nerveux commandant l’accouplement étant localisés à l’extrémité de son abdomen.

   Mœurs barbares ou besoin vital pour garantir la croissance des œufs ?          

 L’image d’amante fatale lui donne le statut d’être un des rares insectes les plus connu du grand public. Elle est entrée dans les légendes et histoires où les films sous les atours de monstre mutant (La Kamacuras de la série Godzilla…).

Dans les arts martiaux chinois, il existe une boxe de la mante religieuse qui désigne l’ensemble des styles d’imitation animalière de la mante face à ses proies…

   La mante religieuse appartient au monde des insectes qui nous est souvent totalement étranger. Tout ce qui est inconnu, dérange et fait souvent peur…  Apprendre à connaitre, chercher à savoir, change souvent la donne et permet de combattre les préjugés et l’aversion…

A noter que nous l'avons observée aussi dans l'été 2018, dans notre jardinet à Thaon sur des terres différentes de son biotope de prédilection... Est ce un pur hasard ou les effets de la sécheresse et du réchauffement climatique ?

 

Son appétit est phénoménal...

En l'observant, on semble ne pas la déranger...