LE PATRIARCHE DE ROVILLE AUX CHÊNES, mon analyse toute personnelle sur ce monument végétal mutilé, abandonné à son triste sort.

photo du 16 janvier 2013.

Photo du 28 mars 2019 , circonférence à 1,30 m : 7m environ, + de 2,15  de diamètre, 28 m de haut...

Photo du début du 20 ème siècle.(1910 environ). 

Le 18 décembre 2019.

 Triste spectacle auquel j'ai assisté ce 18 décembre 2019. Si je déplore la manière, c'est le résultat de l'intervention qui m'importe. C' est un véritable camouflet aux principes moraux de notre profession. Eduqué au respect de toute chose et à la conduite de taille dites intelligentes, je ne peux que déplorer ces coupes drastiques qui conduiront le vieux chêne à sa future disparition. Critiquer, s'insurger, condamner, à quoi bon ? On ne peut remonter le temps de manière à effacer cette ignominie irréparable. Désabusé je suis mais loin d'être étonné de l'issu de ce manque de communication et de concertation face à un problème majeur de sécurité publique . Propriété de la commune de Roville aux Chênes, notre chêne pédonculé de plus de 400 ans est issu d'une ancienne forêt disparue dont le village, construit à son emplacement, en tire son toponyme. Il est le seul témoin de cette époque, lui qui a connu la guerre de 30 ans et la destruction quasi complète du village lors de l'invasion des Suédois (vers 1635).                                                                                                                                                                                                Très volumineux, il toise la mairie et l'école qu'il côtoie avec l'entrée du parc du lycée horticole. Il est le digne représentant des métiers du paysage et du patrimoine vivant du village. Hélas depuis plus d'une dizaine d'années sa santé est devenue préoccupante . Son âge, sa situation entre béton et bitume, la tempête de 1984, celle de 1999 et le réchauffement climatique l'ont  sérieusement affaibli. Depuis l'été 2018, une double fissure est apparue, courant le long du tronc à partir du collet sur 2 m de haut environ sur du bois de tension. (Voir photo 1). Cette crevasse s'enfonce  dans le duramen sur plus de 70 cm de profondeur (photo 2 et 3) A l'opposé, à la base du tronc on constate des petits décollements d'écorce et la formation de champignon, on est ici sous le penchant du chêne dans le bois de tension.(photos 4 et 5). Sans certitude j'ai l'impression qu'il a pris de la gîte de ce coté mais je n'ai pas vérifié cette possibilité d'inclinaison. Quoi qu'il en soit, l'excentricité du houppier sollicite le tronc en flexion. Un périmètre de sécurité n'étant pas concevable, le danger est bien réel... Cet avis tout à fait personnel en utilisant la méthode VTA, n'a évidemment aucune valeur. ( VTA : Visual Tree Assessment, évaluation visuelle de l'arbre ).

Si le résultat actuel est déplorable, il découle de plusieurs expertises arboricoles et dernièrement par un test de traction effectué  ce dernier semestre. Hélas je n'ai aucune autre info n'ayant fait hélas connaissance avec Mme La Maire que ce funeste jour. 

Je ne veux pas être l'avocat du diable, mais quand une importante décision collégiale doit être prise, on se retrouve souvent bien seul entre le laxisme des uns, la pression des autres et les donneurs de leçons qui se manifestent après coup. Je n'aborderai pas non plus l'aspect financier qui demeure le meilleur déclencheur  de la discorde et des plus vilains conflits. Dans cette affaire, je reste persuadé qu'un dialogue aurait du s'établir entre la municipalité et l'EHP pour arriver à une décision raisonnée évitant  cette conduite désastreuse et sans doute avec un coût financier moindre...

Si mes propos semblent un tant soit peu subversifs, je ne les réfute pas au contraire mais n'ayant pas toutes les données en main ma virulence ne peut qu'être réduite. C'est d'ailleurs peut être mieux ainsi...  

Notre rôle suivant nos compétences dans le domaine de l'arbre va au delà de l'éxécution d'un chantier ou la rédaction d'un devis d'intervention. Le devoir de conseil est primordial, même s'il conduit à la perte du chantier...

                                                                                                Cette photo est du 12 mai 2007 

La ligne tracée en jaune correspond à la fissure découverte en été 2018. De ce coté on aperçoit des racines déchaussées. Le batiment en face, est la mairie. (Photo 1)

Photo 2 et 3 

Photos 4 e 5  présence d'un champignon, d'un décollement d'écorce laissant entrevoir du bois altéré...

Photo 6 Champignon à l'aisselle des 2 grosses charpentières.

Le chantier (2h30 environ)

 photos  du 19 Décembre 2019

Comments

[PIERRE CUNY]

Bonjour, Le chêne est toujours là alors qu'il devait être "supprimé" fin d' année 2021... Des aménagements à son pied prouvent peut être que la tendance à changer... Affaire à suivre... J'ai publié depuis 2 articles sur lui, un le 22 juin 2021 et le dernier le 8 février 2022. J'ai demandé des explications à la mairie, je n'ai aucune réponse à ce jour...Heureux d'échanger avec un passionné d'arbres !

[Sisley]

Bonjour,



J'ignorai totalement qu'il était mal au point depuis une dizaine d'années.

Fort dommage que cela se termine ainsi. Malheureusement l'emplacement et notre monde de responsabilités accrues ont pesés en défaveur du chêne.

Encore merci pour ces multiples informations et que cet arbre puisse disparaître avec tout le respect qu'on lui doit !

[jeromebouillon]

C'est une très bonne image pour une commune ou il y a une école enseignant l'élagage...