LE CHÊNE D'ALLOUVILLE -BELLEFOSSE,76190. RENCONTRE AVEC UN DES PLUS VIEUX CHÊNES DE FRANCE. 22 JUILLET 2013.
Partir à la découverte d'arbres remarquables demande du temps et des choix ciblés, dont les critères dépendent le plus souvent de la longueur des trajets et le besoin insatiable de satisfaire ma curiosité. Le chêne d'Allouville-Bellefosse fait partie des incontournables que je ne pouvais à aucun prix manquer, et qui attire chaque année plus de 50 000 visiteurs, véritable icône végétal intemporel. Son origine se perd dans la nuit des temps et si l'expression semble exagérée, son étonnante longévité lui donnerait plus de 12 siècles d'existance. Contemporain de Charlemagne, il a le titre honorifique de plus vieux chênes de France. La surprise est évidente pour celui qui pense rencontrer le stéréotype d'un arbre sénescent, car il s'agit bien d'un monument historique vivant à l'allure sans égale. Je le qualifierais de "robocop végétal" et si cette appellation vous semble un temps soi peu ironique, elle ne l'est pas, au contraire car il mérite le plus profond respect. Étayé pour ne pas dire béquillé, il est consolidé par une ossature métallique secondée par un sérieux haubanage. Les parties "mortes" ont été protégées des intempéries par la pose de "tavaillons", ancêtres des tuiles mais façonnés en bois . Sa longévité a un prix, et son salut est incontestablement tributaire des Hommes qui l'ont cotoyé . Son histoire est liée à celles des générations qui ce sont succédées à ses côtés, à l'histoire de France et plus précisément à cette belle région de Normandie. Si Guillaume le Conquérant est passé à son pied, on a guère de trace de notre chêne avant la fin du XVII siècle où déjà creux, il éveillait l'admiration et la dévotion. En faire un monument religieux, il fallait s'employer. En 1696,le curé du village aménage dans la cavité basse du tronc une chapelle dédiée à Notre Dame de la paix, le symbole religieux est désormais authentifié. Salutaire iniative, on peut le penser, mais en 1793 en pleine révolution, époque de la terreur, le symbole du pouvoir clérical échappe de justesse à la destruction, menacé par les révolutionnaires qui voulaient l'incendier. Le pire évité, la vie reprend doucement son cours et notre chêne retrouve très vite sa notoriété si bien qu'il se voit offert par la princesse Eugénie, épouse de Napoléon III, une statue de la Vierge en bois doré.(Cette dernière n'est plus à sa place au creux du chêne mais se trouve à l'abri, à la sacristie de l'église Saint Quentin d'Allouville).Au XIX siècle une restauration est effectuée et depuis cette époque, notre monument vivant est surveillé et entretenu pour lutter contre les effets du temps et les inconvénients de sa popularité touristique. En 1988, sur une étude de Robert Bourdu, les deux chapelles sont démontées pour consolider l'ensemble par une ossature métallique . Actuellement les deux chapelles érigées dans le tronc creux se visitent librement, pour celle du haut, on y accède par un escalier de bois en colimaçon. Si sa survie ne tient plus qu'à une grosse charpentière latérale, il semble vouloir encore défier les épreuves du temps, lui qui a traversé l'histoire de notre pays et celle de nos ancêtres. Une visite s'impose !
Grâce à Henri Gadeau de Kerville, éminent scientifique et passionné photographe, le chêne d'Allouville Bellefosse est classé par un arrêté du 23 août 1932. C'est en 1981 qu'il devient une vedette de cinéma dans le film "Le chêne d'Allouville", aussi connu sous le titre "Ils sont fous ces Normands" aux côtés de Jean Lefebre, Henri Guibet et Bernard Menez pour ne citer qu'eux...
Allouville Bellefosse, petite commune normande bien ancrée en pays cauchois.
Chapelle du dessus
Escalier en colimaçon
Ossature métallique intérieure
Recherche d'étanchéité
Photos noir et blanc : Source internet.
Source internet